Je commencerai par un résumé
de mon avis sans spoiler. Pour faire bref, les deux jeunes gens font partie d’une
famille recomposée et alors que c’était mal partie entre eux, un lien d’amitié
puis romantique va se tisser. C’est une romance pour ado, donc si
vous cherchez un texte réaliste sur la condition des réfugiés palestiniens, ici
ils ne sont pas réfugiés, passez votre chemin. La mère rencontre son futur époux australien sur internet et elle et son fils débarquent immédiatement
dans une belle maison. La famille palestinienne est cultivée et le garçon est
athée, donc vous ne trouverez pas non plus de chocs de culture apocalyptique. C’est
une romance d’ado, mais qui fleure foutrement bon l’adolescence, avec les
neurones en ébullition sur fond de romance compliquée. J’ai passé un moment
attendrissant et j’ai été surpris par la profondeur et l’universalité de ce
récit.
Ambiance : 0,5
Personnages : 1
Intrigue : 0,5
Ecriture : 1
Ressenti : 1
Note globale : 4/5
Et maintenant, si vous
souhaitez passer au bloc opératoire =D :
!!!! ATTENTION SPOILER !!!!
Ambiance : L’intrigue se
déroule à Sydney et je suis assez septique quant à ce choix. On sent que ce
pays n’est pas familier à l’autrice, rien de la culture australienne ne nous est transmis. Les personnages principaux sont férus de littérature, mais
même celui qui est australien ne cite aucune référence australienne (et si oui,
ça ne m’a pas marqué). De même je soupçonne un soucis climatique alors qu’il
semble faire chaud pendant le mois d’août, mais on est dans l’hémisphère Sud
les gars. En Août il fait au alentour de 13° à Sydney. Du coup, mon cerveau a
fini par placer l’action dans le Sud de la France. De vous à moi, je ne
comprends pas cette lubie qu’ont certains auteurs francophones à vouloir situer
leur action dans un pays anglophone. Mis
à part ce souci géographique, l’ambiance est celle d’une série pour adolescent.
Des scènes très intimistes et attendrissantes, d’autres où les perso se
bourrent la gueule et finissent la tête au-dessus des chiottes entre deux crises de panique. Ce roman fleure
bon l’adolescence jusqu’ici. 0,5
Ah, les soirée entre ados...
Ne sont ils pas mignons comme des pokémons ?
Personnages : Un bon
gros point bien gras ! C’est le point fort du livre. Même si… Le
personnage palestinien n’a pas vraiment le syndrome post traumatique des
survivants de guerre. Ses troubles psychologiques ressemblent plus à celui d’un
ado en proie à un profond mal-être. Bon, ce bouquin vend de la romance, pas de
la psychologie de guerre, donc on s’en fout. Les ados souffrent à cause
de leurs pères mais pour des raisons très différentes et je trouve ça très bien
mené. L’un a vécu l’horreur de la guerre mais a grandi dans l’amour de sa
famille, l’autre est né dans le confort et la paix, mais dans une famille
froide, sans affection, où il est battu (entre autres choses). L’un étant comme
le négatif de l’autre, c’est fin et poétique. 1
Intrigue : Quelque chose
de simple, mais qui a déjà fait ses preuves. Le point fort du roman, c’est la tendresse,
la fraîcheur et l’innocence de ses personnages. En sachant que ce que j’appelle
l’innocence est cette incapacité à s’habituer à la cruauté ou à l’injustice, la
révolte, les sentiments tranchants et sans nuances. Oui, les mecs tombent
amoureux, ils vivent une romance toute mignonne et tout… Mais clairement, leur
romance n’est pas le sujet principal. Ce livre parle de l’adolescence et de sa
fureur caractéristique. On est loin de ces ados décérébrés qui bouffent de la
merde, se crament les neurones en matant conneries sur conneries à la télé ou
sur internet et qui ne se préoccupent que de la dernière tendance pour coiffer
leur mèche sur le côté. Non, ici, ça sent l’orgie épistémologique, la boulimie
de connaissance, le refus du monde crade et cruel, les vannes de la compassion et
de l’empathie sont grandes ouvertes et ça m’a fait du bien. Je me suis senti
moins seul. Cependant, ça manque de péripéties. L’histoire est intense au
niveau émotion, mais point de vue action, ça reste assez plat à mon goût. 0,5
Ecriture : De vrais
ados. Ils se racontent aux lecteurs, à leurs journaux intimes, à leurs êtres
chers disparus, à eux mêmes. La poésie ponctue le récit, un passage où l’australien
se fait battre par son père m’a profondément touché. J’adore son écriture et
vous lirez pourquoi dans mon ressenti. +1
Mon ressenti : Ce livre
m’a énormément troublé car j’ai eu l’impression de lire mes propres mots. J’écrivais
comme ça il y a dix ans, mes cahiers étaient noirs de poésies surréalistes et
de représentations de multivers. Ce bouquin s’épanche en partie sur les
malheurs du monde, il y en a qui trouveront cela immature et lourd.
Personnellement, j’ai été ravi de me sentir moins seul. L’autrice vient
également d’une île : Haïti surnommée « l’île maudite ».
Alors quand elle écrit sur l’injustice et la souffrance, j’imagine qu’elle sait
un minimum de quoi il retourne. 1
Une chronique passionnée et passionnante. Elle donne envie de découvrir l’œuvre en tous les cas. Surtout quand tu évoques les poèmes que tu écrivais toi même il y a longtemps. En amateur, je ne peux que me sentir curieux :D
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